parade impossible ; un kākāpō dans les Vosges
performance sonore
2022 - 2023
projet soutenu par l'AIC Drac Grand Est
documentation vidéo de la performance : ICI
Ce projet de recherche et de création est construit autour de l’oiseau endémique de Nouvelle-Zélande, le kakapo et s’intéresse particulièrement à son comportement de parade visant à la reproduction. Le kakapo (du māori « perroquet de nuit ») est le seul perroquet nocturne incapable de voler. Il est menacé d’extinction et les quelques spécimens restants ont été relocalisés sur trois iles exemptes de ses prédateurs (chats et autres mammifères carnivores introduits par les colons européens).
La parade nuptiale du kakapo se déroule sur un lek (ou aire de parade) que les oiseaux aménagent sur des sommets ou des crêtes situés hors de leurs territoires habituels. Le kakapo est un des rares oiseaux qui construit lui-même son lek sous la forme d’un réseau de bols reliés par des sentiers.
Chaque mâle creuse et entretient un ou plusieurs bols de 30 à 60 centimètres de diamètre et de 5 à 20 centimètres de profondeur. Ce bol sert de réflecteur et d’amplificateur à ses cris de parade, les « boums », cris à basse fréquence, qui peuvent être entendus à 5 kilomètres de distance. Chaque cycle de chant est une succession de cris associés à une suite de postures qui pendant la saison des amours s’enchainent toute la nuit avec une courte pause entre chaque cycle.
Le kakapo sert de modèle et de guide à ce projet : je lui emprunte son répertoire de gestes, d’attitudes, de sons, d’actions. Tout comme sa parade est séquencée, ce projet se déroulera en 3 moments/actions : création d’un dispositif scénique (lek) ; d’une performance sonore (boums) ; d’un costume-abri (aguet-affut).
Les actes et productions du kakapo sont ici envisagés en tant qu’eux-mêmes et décorrélés de leurs finalités premières (la reproduction). La parade devient une chorégraphie et une performance sonore ce qui permet de révéler sa dimension esthétique intrinsèque tout en soulignant le caractère inadapté et aberrant de cet oiseau, qui en fait un perroquet tout à la fois beau et loufoque.
Scénario de la performance :
une performeuse costumée en kakapo gravit les pentes vosgiennes, elle est munie d’une pelle à l’aide de laquelle elle va creuser une série de bols. Dans un des bols elle dépose ensuite une enceinte autonome. Elle lance la lecture d’une composition sonore inspirée des boums du perroquet. Simultanément à cette diffusion, la performeuse imite les postures de l’oiseau.
Autre moment :
la présence costumée occupe un bol, elle se tient immobile et est munie d’un micro et d’un enregistreur. Le costume lui sert ici d’abri pour être à l’affut de la faune locale.