Textes sur :
Présentation de l'excursionniste par Bastien Gallet.
Audrey Pouliquen marche. Elle fait à pied l’épreuve du monde. Elle écoute, elle enregistre, elle écrit. C’est ainsi que se présente son mémoire : comme le compte-rendu, complexe et stratifié, de son expérience de la marche.
A droite de la page, le récit d’une marche entreprise pendant l’été 2015. A gauche, une suite de développements théoriques. A droite ce qu’il lui arrive, ce qu’elle voit, entend, les paysages traversés, la fatigue, le plaisir. A gauche, une théorie de l’excursion. Entre les deux, par intermittences, des citations interpolées.
L’excursion, explique-t-elle, est une pratique digressive de la marche, notamment parce que des sons y sont collectés qui nourrissent son travail d’artiste sonore. Ces sons, on peut les entendre sur un site internet compagnon à écouter parallèlement à la lecture du mémoire.
Sa théorie de l’excursion emprunte tant aux écrivains voyageurs qu’aux penseurs de la marche, aux philosophes du quotidien qu’aux artistes marcheurs, aux théoriciens de la musique concrète qu’à ceux du paysage sonore. Ses récits instruisent un certain rapport au monde : qu’il faut arpenter pour percevoir et fouler pour entendre. Ensemble, les deux colonnes et les sons multiples font un mémoire, et une excursion, à plusieurs voix.
Bastien Gallet, mars 2016
Texte de Bertrand Gauguet, catalogue de l'exposition Vides partagés, Shadok, Strasbourg, novembre 2016 :
(...)
Dans un autre registre, Audrey Pouliquen investit le champ du "paysage sonore" avec Drone de ville. Combinant une pratique de la marche et de l'enregistrement, Audrey a sillonné des espaces urbains pour y capter des sons d'appareils de type climatiseurs ou bornes électriques qui sont habituellement considérés comme des bruits parasites. Alors que le réflexe du cerveau est de masquer ces sons lorsque nous les rencontrons, sa démarche ici est de nous donner à les réentendre pour leurs qualités dans une composition spatialisée de sons continus.
En considérant cette catégorie spécifique de matériaux sonores, le dispositif prend à contre-pied les typologies naturalistes du paysage sonore qui furent avancées par R. Murray Schafer à la fin des années 1970.
Texte de Béranger Barois, édition sur Vitis Vinifera, Champage Tassin, Celles sur Ource, août 2017 :
déambulation
marche
décantage
volonté de disparaitre
pratique de l’écriture
économie de moyen
production simplifiée
présence importante du langage partir du mot
et l’épuiser
pour s’en débarrasser
lecture
architecture de mots
un peu perdue
point d’incertitude
Audrey butte
volonté d’effacement du corps
de sa figure
tiraillement
rencontre avec Jean Daunay
entretien
de ce moment précieux avec un de ceux qui ont
gardé une trace du patrimoine immatériel
faire résonner les mots dans l’enceinte fermée
de la cave
les replacer au centre du corps
là où ils se forment
pour comprendre ce qui l’entoure
pour situer avec une exactitude millimétrée
pour ne pas passer à coté d’un chemin précieux
autour d’un entretien Audrey produit une pièce
sonore immersive où se mêle la voix de Jean
Daunay et la sienne. mélange de mots issue de
son glossaire du patois champenois et de leur
discussion du lundi 7 août 2017.
entre voix précieuse et énonciation rythmique
la pièce d’Audrey épouse les parois de la cave
pour mieux s’évaporer autour des bouteilles
anciennes.